C’est par la presse britannique que l’on apprend le décès, à l’âge de 97 ans, de Jeannette Guyot (épouse Gaucher), survenu le 10 avril 2016.
Née le 26 février 1919 à Chalon-sur-Saône, Jeannette Guyot rejoint les rangs de la Résistance alors que la moitié de la France est occupée par l’armée allemande. Jusqu’en août 1941, Elle est membre du réseau Amarante, dirigé par Félix Svagrowsky et rattaché au BCRA (Bureau central de renseignements et d’action) de la France Libre. Grâce à un laisser-passer allemand, elle s’occupe de faire passer des agents en zone sud, administrée par le régime de Vichy.
Jeannette Guyot rencontre le colonel Rémy, chef du réseau « Confrérie Notre-Dame« , basé à Paris. Elle devient agent de liaison et, à ce titre, est chargée de transmettre des renseignements en zone sud, tout en continuant ses activités de passeur. En février 1942, elle est arrêtée et emprisonnée pendant trois mois à Chalons-sur-Saône, puis à Autun. Malgré les interrogatoires, elle reste muette. Ne pouvant retenir aucune charge contre elle, les Allemands la remettent en liberté, après lui avoir toutefois retiré son « Ausweiss ». Mais cela ne l’empêche nullement de reprendre ses activités au sein du réseau du colonel Rémy.
Suite à la trahison d’un certain Pierre Cartaud, Jeannette Guyot part se réfugier à Lyon où elle rencontre Jacques Robert, qui est en train de créer le réseau « Phratrie », rattaché au BCRA, et qui aura pour mission de collecter du renseignement, se livrer à des actions de sabotage et à aider les aviateurs alliés abattus à quitter la France occupée.
Avec l’invasion de la zone sud par les troupes allemandes, en novembre 1942, l’étau de la Gestapo se resserre autour de Jeannette Guyot. Elle est exfiltrée en Angleterre dans la nuit du 13 mai 1943, grâce à un Lysander de la RAF.
A Londres, Jeannette Guyot retrouve le colonel Rémy et prend le pseudonyme de « Jeannette Gauthier ».
Après avoir fait des pieds et des mains pour retrouver le terrain, elle suit un stage à l’école de Praewood House, près de St-Albans (à 40 km de Londres), où 120 volontaires doivent être formés aux techniques du renseignement militaire par des instructeurs l’Intelligence Service de l’Office of Stratégique Service , en vue du plan « Sussex« , dont le but était alors de collecter le maximum d’informations possibles sur l’ordre de bataille allemand afin de préparer le débarquement allié en Normandie.
Le 8 février 1944, Jeannette Guyot, promue lieutenant, est parachutée près de Loches avec le commandant Marcel Saubestre, le capitaine Georges Lassale et le radio Pierre Binet, dans le cadre de l’opération Calanque avec pour mission de trouver des caches sûres pour les agents « Sussex ». Une tâche rendue compliquée par la Gestapo et ses moyens de détection des émissions radio.
À Paris, le lieutenant Guyot cache l’opérateur radio de son équipe au « Café de l’Electricité », située à Montmartre, à deux pas d’un bureau de la Gestapo. « Je savais quel genre de travail elle venait faire et quand elle m’a demandé si j’était prête à l’aider, j’ai répondu oui, sans la moindre hésitation », expliquera à la BBC, la propriétaire du bistro, qui sera rebaptisé « Café des Sussex » à la fin de la guerre.
Malgré les risques, Jeannette Guyot accomplit sa mission et envoie régulièrement des renseignements de la plus haute importance à Londres.
Après la libération de Paris, le 25 août 1944, Jeannette Guyot retrouve un emploi de bureau à la nouvelle « Direction générale des études et recherches » (DGER).
En juin 1945, Jeannette Guyot quitte le monde du renseignement et épouse Marcel Gauchet, un agent « Sussex »; depuis, elle n’a apparemment jamais évoqué publiquement son action au sein de la France Libre… alors qu’elle était titulaire de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palmes, de British George Medal et c'est l’une des rares femmes à avoir reçu la Distinguished Service Cross américaine au titre de la Seconde Guerre Mondiale pour son « héroïsme extraordinaire lors d’opérations militaires. »
(Renseignements selon OPEX360.com)