Le 8 mai dernier à MAZANGE, des habitants de tous âges, sont venus comme d’habitude, se recueillir et porter une gerbe de fleurs à la mémoire de Berthe Durfort. Une plaque commémorative située au pied du clocher, fut posée le 7 décembre 1947. Mais que savons-nous de Berthe Durfort et de ses actes héroïques ?
Ceux qui se souviennent d’elle, diront que Mme Durfort était une personne de condition modeste, grande et réservée, elle avait perdu son mari à la guerre de 14-18 et son fils unique, Pierre, en 28, des suites d’une infection pulmonaire, il n’avait que 15 ans... Sans doute pour rompre sa solitude, le midi elle accueillait des enfants de l’école. Son sens de l’hospitalité allait durant la guerre, la conduire, à prendre sciemment des risques importants.
Le 7 Août 1940, arrivent à la ferme de la Hacherie, chez Mr et Mme Pecquet, deux fantassins anglais Harold Grégory et Stanley Briely. N’ayant pu embarquer à Dunkerque, ils cherchent à atteindre l’Espagne, pour rejoindre l’Angleterre. Ils resteront cachés, 4 longues années, ne sortant que la nuit ; dans l’attente d’être pris en charge par un réseau.
Vers Pâques 1941, alors que règne une incompatibilité d’humeur entre les deux hommes, Madame Durfort accepte d’héberger Harold Grégory . Stanley Briely reste à la ferme Pecquet.
Le 25 décembre 1943, après la rafle de Mondoubleau, arrive un autre anglais, un aviateur, Anthony Lee ; il est hébergé aussi chez Madame Durfort. Il y demeurera jusqu’au 10 juin 1944. Son arrivée est une joie pour les deux autres. Ils se rencontrent souvent tous les trois, chez Madame Durfort ou à la ferme Pecquet ....
Durant ces 4 années, peu de gens étaient dans le secret. Il y avait, Jules Clément, le cordonnier, Désiré Dubreuil, le boulanger, Françoise Ulmo la fille de l’institutrice qui n’avait encore que 16 ans et servait déjà d’interprète, Maxime Dubos le maçon, l’Abbé Denis Guellier et le Docteur Richard. Les uns aidaient au ravitaillement des aviateurs, les autres recevaient le courrier, ordonnaient des soins.
Le 10 juin 1944, au petit jour, l’Abbé Denis Guellier, au service de la résistance locale ; à la demande de son chef, remet à Monsieur Hutin, chef de réseau, (futur Sous-préfet de Vendôme à la libération): Anthony Lee et Stanley Briely. (Le troisième : Harold Grégory, n’étant pas jugé «émotionnellement » assez solide pour reprendre la route ; reste chez Madame Durfort). Ils sont transférés à Langon pour être convoyés sur l’Angleterre, malheureusement ils seront l’un et l’autre faits prisonniers par les Allemands.
Deux semaines plus tard, Berthe Durfort est arrêtée par la Gestapo, sans perquisition, à son domicile.
Dans la voiture des Allemands, elle était accompagnée de Madame Dumans, jeune femme de Mondoubleau, qui avait aussi hébergé précédemment, Anthony Lee.
Anthony Lee, torturé par les Allemands, aurait fini par donner les noms de Madame Dumans et de Madame Durfort, hypothèse confirmée plus tard, par Stanley Briely
Stanley Briely a pu garder le silence, ce qui a sauvé ses amis Pecquet. D’autres indications confirment cette conclusion.
Les deux femmes ont été déportées à Ravensbruck. Madame Dumans en est revenue dans un triste état. Madame Durfort y est morte d’épuisement et de sévices.
Après la guerre, seul Stanley Briely est revenu à Mazangé, jusqu’à son décès, Pâques 1968.
Voilà pourquoi la plaque scellée sur le mur de l’Eglise, comporte l’inscription suivante :
« En face de cette église, vécut et fut arrêtée Madame Berthe CLEMENT, épouse DURFORT. Elle cacha chez elle, des soldats évadés de 1940 à 1944. Déportée en Allemagne, au camp de la mort de RAVENSBRUCK, elle y mourut âgée de 53 ans. Son silence héroïque sauva des vies de patriotes.
Gardons son exemple avec le souvenir de ceux qui sont morts pour la France. »
source :
http://mazange.free.fr/histoire.php3?page=durfort