Revenons au fil du post
De passage dernièrement sur les hauts cantons je me suis arreté au cimetière de Lamalou les Bains pour me recueillir sur la tombe du Commandant Barot alias Jean Capel chef historique du maquis
Bir Hakeim tombé lors des combats de la Parade.
Jean Raymond Louis Capel est né le 22 février 1910 à Toulouse (Haute-Garonne). Il est le fils de Raymond Joseph Capel et de Cécile Eugénie Jeanne Bougon son épouse (*). La famille de sa mère fait partie de la notabilité de Lamalou les Bains (Hérault). Son grand père maternel, le docteur Bélugou, a été longtemps maire de la petite ville. Son père, issu lui aussi d'une famille de notables, a ouvert à Nice un cabinet d'avocat.
Jean Capel suit des études secondaires, puis travaille au cabinet de son père à Nice. Touché par les idées marxistes, il milite dans les rangs communistes dès 1931 et assure jusqu'en 1936 la fonction de secrétaire de cellule du Parti communiste à Nice. En 1936, il quitte Nice pour Paris où il suit des cours et des conférences de sociologie et d'économie politique. C'est dans cette ville qu'il rencontre Suzanne Darrénougué, élève de l'Ecole des Beaux Arts qui devient madame Capel.
En 1939, Jean Capel est mobilisé comme soldat de deuxième classe au 281e régiment d'infanterie. Il part dans les Alpes où il est affecté à un bataillon de skieurs. Après l'armistice et sa démobilisation, il s'installe à Toulouse. Dans la ville rose, il se crée une situation professionnelle particulière, celle d'intermédiaire entre les docteurs et les travailleurs assujettis aux assurances sociales. Son affaire prospère rapidement. Jean Capel gagne largement sa vie. Il pourrait vivre heureux, sans souci du lendemain : il entre en Résistance.
Bien que sa motivation réside dans l'espoir que la libération de la France s'accompagnerait du triomphe du communisme, il s'engage dans le mouvement de Résistance Combat qui s'organise à Toulouse au printemps de 1942. Durant l'été 1942, Jean Capel entre en contact avec le commandant Rigal, chef de l'Armée secrète (AS) de Toulouse. Il s'intègre peu à peu au réseau local de l'AS. Son domicile, 14 rue Caraman à Toulouse, devient un bureau où l'on fabrique des fausses pièces d'identité, un centre de renseignement et un lieu de recrutement. Avec l'invasion de la zone Sud, le 11 novembre 1942, Jean Capel se fixe comme objectif principal, la réalisation d'une école de cadres de la Résistance pour préparer la libération du pays. Ce projet va être dynamisé, en mars 1943, par les premiers départs pour le Service du travail obligatoire (STO). Les premiers réfractaires toulousains viennent frapper à la porte de la maison Capel.
Le 25 mai 1943, Jean Capel fonde avec Christian de Roquemaurel dit "RM" le maquis de l'Estibi dans un hameau à quinze kilomètres de Villefranche de Rouergue (Aveyron). Ce maquis regroupe une quinzaine d'étudiants. Il est baptisé
Bir Hakeim du nom du plus glorieux fait d'armes des Forces françaises libres en Libye. Jean Capel conservera jusqu'à sa mort la haute direction de ce maquis. Le 2 juin 1943, le lieutenant-colonel Alfred Sarda de Caumont dit "Pagnol" ou "Rosette", chef maquis de la Région 4 (Midi-Pyrénées) reconnaît l'organisation créée par le "commandant Barot". Ainsi le maquis école de l'Estibi est pris en tutelle par le Service national maquis présidé par Michel Braut dit "Jérôme". Jean Capel organise un corps-franc qui, par des coups de main sur la région toulousaine ravitaille le maquis
Bir Hakeim.
Le 25 août 1943, le maquis
Bir Hakeim déménage sur le plateau de Douch, dans l'Hérault, à proximité de Bédarieux. Il y est attaqué par les troupes d'Occupation le 10 septembre 1943 et doit alors trouver refuge à Benou (Pyrénées-Atlantiques). Le même jour, Jean Capel, averti par sa mère, doit quitter Toulouse et se réfugier au château d'Auriac sur Vendinelle appartenant à monsieur de Bonnefoy dit "Monsieur Lebrun". C'est dans ce refuge que le "commandant Barot" entre dans la clandestinité et rencontre Michel Braut venu voir sa femme réfugiée, elle aussi, au château. Une relation de sympathie s'établit entre les deux hommes. En octobre 1943, Jean Capel et le maquis
Bir Hakeim sont mis par Michel Braut au service de la Région 3 (Languedoc-Roussillon + Aveyron). Le quartier général du maquis est déménagé à Montpellier (Hérault), 14 rue du Maréchal, au début du mois de novembre 1943. Jean Capel entre alors au service du chef régional des maquis de l'AS de la Région 3, Pavelet dit "Villars". Le 2 décembre 1943, le maquis
Bir Hakeim, fort de treize hommes, s'installe à Terris (Gard). Ici encore, Jean Capel et ses hommes s'illustrent par des coups de main audacieux contre les dépôts de l'État français.
Fin janvier 1944, De Martel dit "Delaunay" confie à Jean Capel la mission de regrouper les maquis de l'AS du Gard et de la Lozère sous son unique commandement. Le "commandant Barot" va alors user de son image pour essayer de réaliser cette mission :" "Barot" en impose à tous par sa belle prestance et ses allures de gentleman. Toujours rasé de près, le corps moulé dans une vareuse à martingale, le béret noir tiré sur l'oeil, il jette dans le camp comme une note d'élégance. On devine l'homme cultivé, très maître de soi, à l'aise partout, beau parleur, très diplomate, il garde dans les moments critiques une assurance et un sang-froid qui confondent l'adversaire. Si celui-ci s'emporte, "Barot" sourit dédaigneusement. Il hait farouchement les occupants et ceux qui pactisent avec eux, il n'est pas de stratagème qu'il n'invente pour les berner. La fausse carte d'intendant de police dont il est porteur lui permet de franchir n'importe quel barrage et lui vaut, par surcroît, le salut déférent des gendarmes ou des Allemands préposés à la surveillance".
Cependant le maquis
Bir Hakeim, pourchassé par les Allemands dans le département du Gard, doit trouver refuge dans les Cévennes lozériennes. Il s'installe à La Picharlerie au début du mois de mars 1944. Jean Capel et les "Biraquins" mettent alors rapidement sous tutelle le maquis-école de La Picharlerie de Marceau Lapierre et une partie de la brigade Montaigne installée au Galabertès. Mais la mission de Capel attise des résistances fortes de la part des chefs des différents maquis cévenols. Bien que le "commandant Barot" soit confirmé dans son statut de chef des maquis de l'AS du Gard et de la Lozère à la fin mars 1944, il échoue dans ses tentatives de regroupement du maquis de Lasalle de René Rascalon et du maquis d'Ardailles du pasteur Olivès. Les chefs cévenols reprochent aux Biraquins leur insouciance du danger, leurs provocations vis-à-vis de l'occupant et leurs ambitions hégémoniques. Les événements de Saint Etienne Vallée Française (entre le 8 avril et le 12 avril 1944) vont provoquer la mise en accusation de Jean Capel. Il est convoqué, le 3 mai 1944, à La Glanière (Gard) sur la route de Thoiras à Lasalle. Le chef-adjoint de l'AS du Gard, Marcel Cassagne dit "Signoret" veut le traduire devant une sorte de conseil de guerre du maquis. Le "commandant Barot" répond point par point à ses détracteurs mais doit se soumettre et quitter la région des Cévennes avec son maquis dans les plus brefs délais. Il s'exécute. De Fons, Jean Capel, alors à la tête d'un maquis de 80 à 90 hommes pourchassés par les troupes d'Occupation mais aussi par les GMR et les Miliciens, tente de récupérer un parachutage d'armes à Caux à proximité de Clermont l'Hérault (Hérault). Au retour de cette expédition, le "commandant Barot" et ses hommes doivent se réfugier à l'hôtel du Fangas sur le Mont Aigoual avant de s'installer à La Parade où le maquis est décimé et Jean Capel tué au combat le 28 mai 1944. Son corps est inhumé le 29 mai 1944 au cimetière de La Parade dans la fosse commune des Biraquins, puis dans le caveau de la famille Abriol le 28 octobre 1944. Son acte de décès, dressé le 5 avril 1945, porte en marge la mention "Mort pour la France".
A la Libération, Jean Capel, le soldat de deuxième classe de l'armée des Alpes, est promu au grade de lieutenant-colonel à titre posthume et fait chevalier de la Légion d' honneur. Le lieutenant-colonel Alfred Sarda de Caumont rédige alors, en l'honneur de Jean Capel, le mémoire de proposition suivant : "Commandant du maquis
Bir Hakeim, résistant de la première heure, d'un patriotisme ardent et d'une bravoure tenant à la légende, a pris part de mai 1943 à novembre 1943 à des opérations offensives contre les dépôts de l'État français et contre les troupes d'occupation. Incomparable chef de coups de main, toujours au milieu de ses hommes, dirigeant leur action et leur donnant l'exemple. A écrit par son héroïsme une page de gloire dans le livre des maquis de la région de Toulouse. Passe en janvier 1944 dans le Gard. A été tué au combat de La Parade le 28 mai 1944 ". Le quartier général suprême des forces interalliées, à la Libération, décide de remettre mille certificats aux résistants français en reconnaissance des services exceptionnels rendus aux armées interalliées. " Le nom de Jean Capel a été enregistré au Grand quartier général des forces expéditionnaires Alliées à cause de son héroïque conduite lorsqu'il était sous mon commandement lors de la Libération de son pays en 1944-1945. Signé : Supreme Commander Eisenhower".
Les affinités politiques de Jean Capel ne sont révélées au grand jour qu'à l'occasion de la ré-inhumation de ses cendres à Lamalou les Bains le 2 décembre 1945. La cellule locale du Parti communiste prend ce jour-là le nom de cellule Jean Capel. En effet, le seul mot d'ordre sous le signe duquel s'était fondé le maquis
Bir Hakeim était " La politique de la Libération". C'est la seule qui fut pratiquée à
Bir Hakeim.
(*) Mairie de La Parade. Registre d'état-civil de 1945. Acte de décès n° 10 de Jean Capel
Son corps pris en photo pour identification par le chef des chantiers de Jeunesse de Meyrueis(si les modos veulent supprimer la photo????)
Sa tombe au caveau familiale à Lamalou
source pour le texte et photos portrait,corps"la resistance en lozère"