Bonjour,
Je viens de découvrir ce post que ce soir et j'avoue une très grande surprise et tristesse à la fois. Eileen "DIDI" était la jeune sœur de Jacqueline et c'est pratiquement une destinée pour la Famille NEARNE de s'engager dans le SOE. ( y compris leur frère Françis NEARNE )
Si l'histoire de Jacqueline est connue, c'est parce qu'elle a été, en partie, portée à l'écran en 1946 ("Et maintenant on peut le dire") soit un film archive sur le SOE au travers d'anecdotes véridiques où les acteurs jouaient leur propre rôle soit Jacqueline NEARNE et Harry REE ( 2 agents de la section F du SOE).
Les traces d'Eileen disparaissent à la fin de guerre et c'est vraisemblablement la volonté de couper les ponts avec le passé car Eileen n'a jamais adhérée à la moindre filiation d'anciens du SOE créant ainsi un certain mystère.
Quelque soit sa destinée , il nous faut respecter son choix......mais il me semble que le moindre des hommages à lui rendre serait de changer le titre de ce poste et de rompre l'anonymat en baptisant " Eileen NEARNE (DIDI) ...
Bien entendu , si vous partagez mon point de vue , merci au modérateur par avance de le faire.
(un grand Merci à Far east pour ce post)
Une espionne (trop?) discrète
16 septembre 2010 – 16:02
Il y a ceux qui parlent et qui ne font rien. Puis il y a ceux qui se taisent et qui agissent. Et Eileen Nearne faisait assurément partie de la seconde catégorie. Le corps de cette vieille dame de 89 ans a été découvert dans son appartement, le 2 septembre dernier, à Torquay, dans le sud de l’Angleterre. Apparemment, elle aurait été victime d’une attaque cardiaque quelques jours auparavant.
N’ayant aucune famille et vivant dans le dénuement, Eileen Nearne aurait dû être inhumée dans le carré des indigents. Personne dans son voisinage n’avait établi de relations avec elle. Et personne ne pouvait soupçonner ce qu’elle avait accompli au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Car Eileen Nearne était un ancien agent du Special Operation Executive (SOE), le service secret britannique mis sur pied par Winston Churchill en juillet 1940 pour « mettre le feu à l’Europe » en soutenant clandestinement les réseaux de résistance dans les pays occupés par l’Allemagne nazie. Cet aspect de sa vie a été découvert presque par hasard, grâce à l’employé municipal qui, venu dans son appartement pour faire l’inventaire de ses objets personnels, a trouvé des documents datant des années 1940, des billets en vigueur lors de l’occupation de la France ainsi que des médailles.
Alors qu’elle servait en tant qu’auxiliaire de la Royal Air Force (Women’’s Auxiliary Air Force, WAAF), Eileen Nearne est par le SOE en raison de sa maîtrise de la langue française. Son père, anglais, et sa mère espagnole avait résidé en France pendant quelques années avant le début de la guerre.
Ainsi, avec l’indicatif « Rose », Eileen Nearne est envoyée à plusieurs reprises en France occupée, dont une fois dans l’Indre, lors d’un vol nocturne accompli à bord d’un Lysander. Elle est l’opératrice radio de Jean Millet (alias Savy), un commandant français membre du SOE qui dirige le réseau Wizzard. Leur mission est de préparer les futurs parachutages en vue des opérations alliées à venir.
Le groupe tombe par hasard sur un document prouvant l’existence d’un dépôt de 2.000 bombes volantes V1 dans la région de Saint-Leu-d’Esserent. Devant l’importance du renseignement, Jean Savy retourne à Londres et laisse Eileen Nearne en France. Plus tard, plusieurs raids de l’aviation américaine et de la RAF détruiront les V1 allemands.
En juin 1944, Eileen Nearne, dont le nom d’emprunt est « Mademoiselle du Tort », est arrêtée par la Gestapo après la détection d’une de ses émissions radio. Emmenée au quartier général de la police nazie à Paris, elle est alors soumise à la torture et subit le traitement dit de la « baignoire ». Mais la jeune anglaise ne craque pas et arrive même à faire croire qu’elle communiquait avec un homme d’affaires britannique. Cela étant, elle est déportée, le 15 août, au camp de Ravensbrück, en Allemagne, puis transférée dans un camp de travail forcé en Silésie.
Le 13 avril 1945, elle parvient à s’échapper avec deux françaises appartenant au même commando de travail qu’elle. Reprises par les SS, les trois femmes réussissent à tromper leur vigilance et à continuer leur périple. Elles seront finalement cachée par un prêtre à Leipzig, jusqu’à l’arrivée des troupes alliées.
Après la guerre, Eileen Nearne a, semble-t-il, connu une existence plus paisible à Londres, en compagnie de sa soeur. Et depuis, elle n’a jamais fait parler d’elle, malgré ses états de service. Finalement, « Mademoiselle du Tort », décorée de l’ordre de l’Empire britannique, ne sera pas enterrée dans le carré des indigents. Des obsèques officielles seront organisées le 21 septembre à Torquay, avec la présence de vétérans de la Royal British Union.
https://www.youtube.com/watch?v=ZCDb2wPPPSE&feature=relatedHistorique :
Recrutée en septembre 1942, alors qu’elle travaille comme First Aid Nursing Yeomanry (FANY), Eileen Nearne suit l’entraînement spécial des agents du SOE. En mars 1944, elle est envoyée en France comme opérateur radio du réseau WIZARD dirigé par Jean Savy « Alcide »[2].
Lorsque Jean Savy rentre à Londres, Eileen Nearne et Gérard Maury « Arnaud », les deux opérateurs radio de WIZARD, se rattachent au réseau SPIRITUALIST de René Dumont-Guillemet « Armand », actif à l'est de Paris[3].
Arrêtée par la Gestapo le 22 juillet 1944, Eileen Nearne est torturée puis déportée à Ravensbrück en août 1944. Elle s’évade le 13 avril 1945 en compagnie de deux Françaises et rejoint les troupes alliées.
L’historienne Liane Jones, à qui Eileen Nearne avait accordé un entretien, raconte que ses expériences traumatisantes de la guerre ne l’avaient jamais quittée. « Eileen était très malade quand elle est revenue en Angleterre en 1945, et pendant des mois, elle était dans un état d'écroulement physique et émotionnel. Quand elle a commencé à se remettre physiquement, elle était toujours trop faible pour travailler. Elle s'est mise à peindre, produisant des images violentes, épouvantables, qui ont exprimé l'horreur de sa captivité et des camps. Elle n’a jamais parlé de son histoire, parce que sa captivité en Allemagne l’avait traumatisée ».
Eileen Nearne meurt en août 2010 dans la solitude, l’anonymat et le dénuement, ne percevant plus aucune pension des autorités britanniques depuis les années cinquante.
Son corps n’est découvert que le 2 septembre 2010 à son domicile (Lisburne Square, Torquay, Devon, Angleterre). Sans attache et sans argent, elle doit être enterrée au carré des indigents de la ville, mais en inventoriant le contenu de son appartement, les autorités municipales retrouvent des documents et des médailles de la Seconde guerre mondiale et se rendent compte de la personnalité de la défunte. Un mouvement de solidarité et la mobilisation des anciens combattants permettent de lui organiser des obsèques solennelles le 21 septembre 2010 en la cathédrale Our Lady Help of Christians & St Denis à St Marychurch, Devon, en présence du consul général de France à Londres. Puis, selon ses dernières volontés, elle est incinérée et ses cendres sont dispersées en mer.
Eileen NEARNE (1921 -2010) Jacqueline NEARNE ( 1916-1982)

Bien cordialement
Eric