Bonjour à tous.
De passage sur Cholet, en fin d'année dernière, j'avais pris une photo de la stèle située Place Créac'h-Ferrari, rendant hommage
aux morts pour la France de la commune durant la Seconde Guerre mondiale.
L'occasion de revenir sur un vieux sujet du forum qui évoquait le parcours de deux résistants locaux, Michel Créac'h et Etienne Ferrari :
https://maquisardsdefrance.jeun.fr/t3270-creac-h-et-ferrari?highlight=ferrari#22286Pour accompagner ces photos, voici un article du journal OUEST FRANCE en date du 08 août 2014 qui retraçait le parcours de ces deux
patriotes :
Créac'h et Ferrari, deux inconnus morts pour CholetUn été 44 à Cholet. Michel Créac'h et Etienne Ferrari sont deux résistants morts pour le Choletais il y a 70 ans, quasiment jour pour jour.
Chronologie des événements qui ont entraîné leur décès.
1942
Etienne Ferrari arrive à Cholet, un peu par hasard. Ne trouvant pas de travail à Nice, d'où il est originaire, il décide de rejoindre sa soeur
et son beau-frère, gendarme à Maulévrier. Il est embauché à l'usine métallurgique des Batignolles où il travaille encore, comme ouvrier, en 1944.
Le gendarme Tournier, qui gère un petit groupe de jeunes résistants, le recrute car il n'a pas de famille à charge et a reçu une formation
de secouriste (ce qui lui donne le droit de conduire la nuit).
Printemps 1944
L'occupant Allemand est en difficulté et décide d'envoyer les étudiants au service de travail obligatoire (STO).
Étudiant en droit à l'Université catholique de l'Ouest, à Angers, le Finistérien Michel Créac'h passe le concours d'inspecteur de police pour y
échapper. Reçu, il est affecté au commissariat de Cholet, comme stagiaire, à la mi-juin. C'est la première fois qu'il met les pieds dans cette ville.
Ancien scout, il rencontre l'abbé André, vicaire à Notre-Dame, en charge de la pastorale des jeunes. C'est sans doute lui qui le met en relation
avec le gendarme Tournier.
Juillet 1944
Créac'h et Ferrari n'ont encore effectué aucune action de résistance.
Nuit du 31 juillet au 1er août
Le sergent-chef Michel Gervais, un Special air service (SAS) récemment parachuté au bois d'Anjou à Somloire, rencontre des responsables
choletais de la Résistance. Tous lui font part du manque d'armes pour équiper les résistants. Il demande un parachutage d'armes aux Anglais.
Qui lui sera accordé.
Nuit du 5 au 6 août
Le parachutage a lieu. Le gendarme Tournier s'occupe, avec quatre jeunes dont Etienne Ferrari, de récupérer et de mettre à l'abri près de
10 tonnes d'armes larguées au bois d'Anjou, la base arrière des SAS. La mission se prolonge toute la journée du 6 août.
Le 7 août, vers 17 h
Une camionnette bâchée à gazogène arrive au bois d'Anjou. Michel Créac'h et Vacquier, un autre résistant, viennent chercher des armes.
La camionnette est chargée, le convoi repart, et ce malgré les recommandations des SAS qui préconisent un transport nocturne. Etienne
Ferrari, resté au bois d'Anjou, décide d'accompagner Créac'h et Vacquier.
Au niveau de la ferme de la Boulaye, à Chanteloup-les-Bois, ils aperçoivent une sentinelle allemande. Demi-tour, le véhicule se retrouve bloqué
dans le fossé. Les Allemands arrivent. « Foutez le camp ! » crie Michel Créac'h à ses deux compagnons. Pour lui, au volant, il est trop tard pour
fuir. Découvrant le chargement, les Allemands l'interrogent, avec du petit houx, sur les destinataires des armes. « Pour tout le monde », répond
Créac'h. Le jeune homme est exécuté sur place.
Vers 19 h 30, près de 60 personnes sont prises en otage à Toutlemonde et sauvées le lendemain par un interprète qui explique aux Allemands
le sens de « tout le monde ».
Le 7 août, dans la soirée
Apprenant la mort d'une personne dans sa commune, le maire veut se rendre sur place. Bloqué par les Allemands, il aperçoit un cadavre gisant
dans une mare. Dans le registre des décès, il note un mort inconnu, le 7 août « 1844 ».
Nuit du 7 au 8 août
S'enfuyant à travers champs, Étienne Ferrari passe par une ferme puis le presbytère d'Yzernay avant de rejoindre la base des parachutistes au
bois d'Anjou, vers 4 h du matin.
Le 8 août, 12 h 30
Pressentant une attaque allemande au bois d'Anjou, le gendarme Tournier veut rentrer à Cholet avec quatre jeunes, dont Ferrari.
Vers 21 h, un orage éclate, ils en profitent. À peine sortis du bois, une rafale de mitraillette les fait tous reculer. Sauf Ferrari qui part en courant
devant lui et disparaît.
Le 9 août, 6 h
À Saint-Paul-du-Bois, Ferrari est aperçu à la ferme de l'Hardonnerie, occupée depuis la veille. Il est menotté, a un pansement à la jambe.
Les Allemands l'emmènent dans une cabane. Les fermiers entendent plusieurs coups de feu dans la matinée. Vers 11 h 30, un corps enroulé dans
une toile est sorti du bâtiment et jeté à l'arrière d'un camion.
Le 10 août, 12 h
Le fermier du Bois-Joli, à Maulévrier, trouve un cadavre emballé dans un tissu plein de sang. Il l'amène devant les gendarmes. Parmi eux, le
beau-frère de Ferrari feint de ne pas le reconnaître.
Le médecin date la mort de 24 à 36 heures avant la découverte (au moment où le corps est jeté dans la camionnette). Ferrari est enterré à
Maulévrier, avec la mention « inconnu ».
Le 12 septembre
Après la Libération, les corps des deux hommes sont enfin identifiés. Cholet organise des obsèques officielles. Les deux corps ne restent pas
dans la commune mais sont rapatriés par leur famille. (avec les informations transmises par Scarlett Martin)
Pour aller plus loin : Scarlett Martin, 1939-1945, le Choletais une région dans la guerre, édition AFMD 49, 2010.