Ci dessous, 2 anciens Résistants (André & PAT) ayant appartenu à la 4eme Compagnie du Bataillon Boizeau :
Le maquis de saint Aignan sur Cher (Loir & Cher), implanté en foret de Brouard, venait de s’installer à 5 kms de orbigny (situé en Touraine) , dans la ferme de la Colladrie, mise à disposition par Celestin Baudouin dit « Sosthène ». Ce maquis constituait la 4eme Compagnie du Bataillon Boizeau, alias Robert, qui dépendait du secteur Nord – Indre, composé de membres de l’Armée Secrete & de FTP, fraternellement unis.
En ce mois d’aout 1944, les unités de la wehrmacht cherchaient à regagner l’allemand , les unes du sud au nord, la colonne Elster, les autres du sud – ouest au nord – est, la colonne Leye dependant de la division das reich. Toutes cherchaient à éviter le nord de la Loire où arrivaient les troupes Alliées, et à contourner les gros maquis du massif central comme celui de Guingouin. La mission de la 4eme Compagnie du Bataillon Boizeau était de les harceler pour retarder leur repli & surtout pour les démoraliser.
Le 20 aout dans l’apres midi, un agent de liaison du groupe local commandé par Mary Bonnin se rend à la Colladrie pour signaler l’arrivée à Génillé d’unités allemandes constituées de cyclistes & de camionnettes & se dirigeant vers l’est.
Henri Jamet l’adjudant de compagnie de la 4eme Compagnie du Bataillon Boizeau avait alors la responsabilité du maquis car le chef de la compagnie, PAT (Pierre Alban Thomas) ayant été convoqué à Valençay par le commandant Robert pour prendre des instructions ; son adjoint, François Marteau était parti avec une equipe pour effectuer un sabotage.
Henri regroupe tous les présents, soit une quarantaine, qu’il dirige à 1 km à l’est d’Orbigny par rotations de leurs 2 automobiles, fractionnées en 3 petites sections aux ordres de Kléber Bisson , Maurice Marinier Claude Colonnier.
Vers 22h, les 1ers elements ennemis approchent du village sous une pluie battante. Ils sont accueillis par un feu nourri des armes des maquisards dont 3 FM. Leurs pertes sont sensibles mais non evaluées. Ils seront enterrés provisoirement le lendemain en bordure de route. L’emplacement etant marqué d’une croix de bois surmonté d’un casque.
Henri Jamet envoie Galliot au volant d’une traction avant à la Colladrie pour demander que tous les disponibles arrivent en renfort. En fin de nuit François Marteau, son equipe & du chef de compagnie Pierre Thomas qui venait de rentrer. Galliot expliqua à PAT (Pierre Thomas) la situation : « Nos 3 sections nous dit il tiennent les ennemis en echec mais Henri ne peut pas les poursuivre dans l’obscurité. Il attend le jour. Le village est occupé par le groupe de Mary Bonnin qui en cas de danger doit placer une estafette pres du cimetière pour nous prévenir ».
Les maquisards s’entassent donc à 10 dans la traction & se dirigent vers Orbigny. PAT (Pierre Thomas) est debout, les pieds dans le coffre aux cotés de François. 2 camarades dont Hubert Lascas sont sur les ailes, les autres à l’intérieur. Les maquisards marquent un temps d’arret pres du cimetière. Personne. Et ils poursuivent leur route jusqu’au centre du village.
Arrivés pres de l’église, dans la pénombre, les maquisards aperçoivent des gens armés. C’est le groupe Bonnin ont ils pensé. Hélas ce sont des soldats allemands qui les accueillent par des coups de feu. Les Résistants ripostent de leurs mieux mais ils ont 2 tués, François & Hubert & 2 blessés graves, LeBras, épaule fracturée, qui perd beaucoup de sang & Jean Caritz qui a 4 entrées de balles dans le vendre.
Tout en repondant aux tirs ennemis pour protéger leur repli, les maquisards regagnent la Colladrie en soutenant leurs blessés.
Pendant ce temps, les 3 sections alertées par la fusillade quittent leurs positions & tentent de regagner la Colladrie. La section Kléber Bisson se refugie chez M. Paul Lascas puis s’enfuit à travers un champ de topinambour. Au cours du repli, Pierre Fréto est blessé. Il sera recueilli par M. & Mme Boissier qui courageusement, le feront soigner par le docteur Négréame.
Olivier Pinault,lui, est capturé & interrogé avec toute la vigueur que l’on devine. Il ne donne ni le lieu du maquis puisque les maquisards ne seront pas inquiétés ni les noms des membres de la Résistance locale puisque aucun ne sera arreté. Olivier sera fusillé le lendemain.
Des le retour au maquis du véhicule rescapé la peugeot, les 2 blessés sont transportés par Marcel Robin à l’hopital de Saint Aignan sur Cher où ils seront mis en condition pour affronter le deplacement sur l’hopital de Chateauroux.
Marcel Fourreau assure le transport, prenant le risque de se heurter en chemin à des groupes de soldats allemands en retraite. Des leur arrivée, ils sont opérés par le docteur Asselin qui parvient à les sauver.
Apres la guerre, il a été reproché au groupe de Mary Bonnin de n’avoir envoyé personne au cimetière pour prévenir du danger les maquisards de la 4eme compagnie du Bataillon Boizeau.
Or depuis ils ont appris que les allemands venaient d’investir le village juste avant l’arrivée de la voiture. Claude Colonnier les a vus passer 5 minutes avant la fusillade, mais n’a pas ordonné de tirer par crainte de représailles.
Ainsi le groupe local n’a eu que le temps de se refugier dans plusieurs maisons, dont une située en plein carrefour de l’église. Il n’était plus possible d’envoyer quelqu’un à la rencontre de la compagnie de maquisard de la Colladrie
Dans cette tragédie, les maquisards ont joué de circonstances malheureuses. Si les allemands n’ont pas exercé de représailles pour venger leurs tués c’est que la mort de 3 Résistants a suffi à calmer leurs colères C’est aussi grace à l’intervention de l’abbé Amant, curé de la paroisse.