75ème anniversaire de la mort de René Chabasse
Comme chaque année, un hommage à René Chabasse sera rendu pour ne pas oublier l'un des leaders les plus charismatiques de la Résistance charentaise.
La céremonie se déroulera le jeudi 21 février à 17 heures à la petite stèle à l'angle du Boulevard René Chabasse et la rue de Périgueux, le lieux de cet évènement tragique. (Stèle :
https://resistancefrancaise.blogspot.com/2016/10/nouvelle-stele-la-memoire-de-rene.html )
René Chabasse né en 1921 en Dordogne est élevé à Bouëx (Charente) où sa mère est institutrice ; son père retraité de la gendarmerie s'occupe d'une petite propriété agricole. René passe ses baccalauréats au lycée d'Angoulême. Il se destine au professorat d'éducation physique. En 1940 il est moniteur.
Bouëx se trouve à proximité de la ligne de démarcation. D'emblée René Chabasse n'a accepté de se soumettre. Il franchit clandestinement cette ligne. Il connait très bien le terrain. Il repère les heures et les itinéraires des patrouilles. Il tente divers points de passage. Il devient vite un véritable spécialiste.
Fin juillet il fait passer son ami de lycée Jean Lapeyre-Mensignac. Leurs liens d'amitié lycéenne prennent une autre dimension. Ils se promettent de lutter ensemble jusqu'au jour de la victoire.
Novembre 1940 Jean Lapeyre-Mensignac rencontre un ami de vacances d'avant guerre, un peu plus âgé qui lui, Guy Chaumet, qui est déjà en contact avec Londres (Réseau Copernic) et lui présente Théo Burlot (Réseau F2). Sans retard Jean Lapeyre-Mensignac et René Chabasse se mettent à leur disposition : ils seront « passeurs » et agents de renseignement surtout sur Bordeaux où Jean Lapeyre-Mensignac a commencé ses études de médicine.
Les passages, les renseignements marchent bien. Chabasse est vite « plein temps », son activité est intense, il étend ses recherches sur la Bretagne et la Normandie. Automne 1942, Jean Lapeyre-Mensignac a eu un contact avec le « Réseau Action Sol », basé à Saint-Etienne, chef Eugène Bornier alias « Sol » BCRA. Malgré sa réussite remarquable dans le renseignement, René Chabasse s'engage dans « l'Action » aux côtés de son ami qui va vite devenir l'adjoint de « Sol ».
Action de « Sol » :
Organisation d'atterrissages et parachutages, formation de petits groupes armés.
Jean Lapeyre-Mensignac soutenu par René Chabasse propose à « Sol » une extension de son réseau en Aquitaine. Accord de « Sol » et du BCRA. Ce sera la mise en place de ce qui va devenir le BOA Région B.
Chabasse avec Charles Franc (un autre ami du lycée) sera responsable BOA pour la Charente et la Charente-Maritime. Sous leur impulsion, l'implantation du BOA en Charente va être rapide et d'une grande efficacité.
Chabasse parcourt des centaines de kilomètres à bicyclette pour repérer des terrains que la RAF (Royal Air Force) pourra trouver aptes à recevoir des atterrissages. Ainsi le terrain « Serin » près d'Ambérac, « Albatros » près d'Angeac. Les terrains pour parachutages demandent moins d'exigences techniques - citons « Chouette », « Pintade », « Pélican »...
L'équipe de réception pour atterrissages a son centre opérationnel chez Franc à Malaville. Formée autour de Lapeyre-Mensignac avec Chabasse, Franc, Barrère, Margariti, Boireau. Chabasse a repéré les moindres buissons, les plus petits sentiers autour des terrains.
Le 23 avril 1943 : 1er atterrissage double Lysander sur « Serin ». 18 Septembre 1943 : 2ème double Lysander sur « Serin » (arrivée de Pierre Brossolette). 14 novembre 1943 : double Lysander sur « Albatros » : arrivée du Colonel Bonnier « Hypoténuse » DMR Région B et du Capitaine Nancy « Sape » chef saboteur Région B.
Pendant ce même temps il a fallu aussi recruter et former des équipes pour les parachutages. Chabasse décide de fixer le centre opérationnel dans la ferme des Duruisseau, « aux Forêts » près de Bouëx. Ils ont déjà été ses agents de renseignement. La jeune Andrée fait des liaisons. Le fils Edmond sera chef d'équipe de parachutages. Il forme des équipiers, les fait agréer par Chabasse, qui recrute deux autres chefs d'équipe : Guy Berger et René Rispard. Il met en place des « boîtes à lettres" et divers points de contact pour transport. Il lui manque une chose : un lieu de repos personnel. Trop occupé, il mange et dort chez les agents qui pour la plupart ne connaissent pas son identité. Il est SDF !
Fin 1943, début 1944, avec l'arrivée du DMR les parachutages du BOA Charente deviennent nombreux. La nuit du 6/7 février ses équipes assurent simultanément deux opérations sur deux terrains différents (près de Birac, près de Touzac). Outre ses fonctions BOA, Chabasse assure quelques missions discrètes de renseignement, en Charente, pour le DMR.
Le 21 février 1944 il vient prendre des dispositions avec Jacques Nancy à la maison Duruisseau. Andrée lui sert un rapide repas. Malgré les risques qui se précisent, il part pour Angoulême apporter un message au domicile de la famille Berger, boulevard d'Orfond. La « boite à lettres » est grillée. La gestapo l'attend. Arrêté par plusieurs gestapistes il a une réaction aussi rapide que violente et se défait d'eux à coups de poing. Il s'échappe. Il est repris. Il tente une deuxième évasion, fait quelques dizaines de mètres lorsqu'il est touché par les balles ennemies. Il s'effondré allongé sur le trottoir. Il ne peut plus fuir. Un officier ennemi arrive, se penche sur lui. René se redresse un peu et le saisit à la gorge. Devant le ridicule de se voir tenir tête par un mourant. l'Allemand l'achève d'une balle en pleine tête.
René Chabasse avait toujours dit à ses compagnons proches : « Ne vous inquiétez pas, si je suis arrêté, je m'arrangerai toujours pour qu'ils ne me prennent pas vivent ! ».
Tel fut le parcours de charentais René Chabasse dans la Résistance, mort pour la France à l'âge de 23 ans.